GUINEE CODEV IBAH AssembleeMadame La député
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Monsieur les Présidents d’associations et d’ONG conscients de l’enjeu de la démocratie et du développement ;
Mesdames et Monsieur, venus nombreux, pour certains de très loin, dans cette grande salle,
Mesdames, Messieurs, merci d’être là aujourd’hui, ce matin.

Je m’adresse à vous en tant que Président de l’ONG GuinéeCO, membre de la Société Civile. Notre Organisation a été créée le 16 Octobre 2016.

Depuis 2007, nous sommes engagés en Guinée dans des actions de co-développement, de la Coopération Décentralisée. À travers ce levier, nous agissons au plus près des populations. Aujourd’hui, nous élargissons notre secteur géographique de notre travail de solidarité en mettant en œuvre des programmes d’envergure dans les domaines de lutte contre la corruption, l’aide à l’Autonomie des femmes, du numérique, de l’éducation et de la Culture.

L’ONG regroupe des citoyens et des élus de toutes tendances politiques engagés pour faire respecter les exigences démocratiques non partisanes et lutter contre l’ethnocentrisme. GuinéeCodéveloppement s’implique dans des affaires judiciaires importantes en signalant au parquet des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale.

Pour agir en toute indépendance, GuinéeCodéveloppement a choisi de ne bénéficier d’aucune subvention. Son financement est assuré uniquement par des dons et les cotisations de ses adhérents.

Notre vision : un monde dans lequel les États, les entreprises, la société civile et les individus dans leur quotidien seraient épargnés par la corruption sous toutes ses formes, nous conduisons le combat contre la corruption pour faire de cette vision une réalité.

Nos valeurs sont la justice, la démocratie, la transparence, la redevabilité, l’intégrité, la solidarité et le courage.

À travers notre action, nous souhaitons contribuer à sortir par le haut de la crise de confiance qui mine aujourd’hui la fragile démocratie Guinéenne et le vivre ensemble. Cette question de la confiance dans les institutions, la parole publique et les acteurs économiques est au cœur de nos plaidoyers.

Notre ONG regroupe notamment les partenaires sociaux, les associations professionnelles, les organisations caritatives, les organisations qui impliquent les citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des communautés religieuses. Toute la vitalité de la vie sociale, basée sur la libre volonté des tous hors de tout rapport d’autorité ou d’intérêt privé.

Vaclav Havel dans son ouvrage « Le pouvoir des sans-pouvoirs » exalte le réveil de la société civile : dans les sociétés post totalitaires nées de l’effondrement du communisme, il faudra, dit-il, que surgissent de nouvelles structures, des associations civiques et citoyennes qui favoriseront la transition démocratique.

Dans un contexte de méfiance à l’égard de gouvernement Guinéen, la population place de grands espoirs dans les Sociétéa Civiles, vouées à la résolution de problèmes concrets, censées renforcer le lien social et, par la délibération dans l’espace public, concrétiser un engagement en faveur des valeurs acceptées ou souhaitées par tous.

Par ailleurs, notre ONG est aujourd’hui en mesure de proposer des réponses aux principaux défis de la société. Elle est source d’innovation sociale et contribue fortement à la transformation de la société. Son utilité sociale ne fait aucun doute : elle dispose des outils du vivre ensemble, a pris conscience de la nécessité de peser sur l’avenir de la société et de trouver de nouvelles formes d’action collective.

L’indépendance de la société civile

La société civile se caractérise fondamentalement par son attitude collective de refus de subordination aux partis politiques. Cette attitude ne constitue pas un refus d'engagement politique individuel. Nous ne nous identifions pas à un parti ou une idéologie politique, pour assurer plus de légitimité par nos prises de position afin de veiller à la prise en compte des revendications sociales. Lorsque les acteurs de la société civile sont soumis aux conditionnalités des acteurs politiques, ils perdent leur représentativité et peuvent être ainsi déséquilibrés, basculés du côté de l'Etat et détruire la condition d'existence de la société civile voire de la démocratie. Dans un régime où les organisations de la société civile ne gardent pas leur indépendance vis à vis de la classe politique, le champ d'action des tenant du pouvoir s'agrandit et surgissent avec lui les prémisses d'une toute puissance étatique. La société civile cesse d'être dans ce cas un contrepouvoir. En perdant son indépendance, la société civile se fragilise et fragilise la démocratie quand ses observations ne sont plus liées à l'intérêt général des citoyens mais plutôt à une coloration politique.

Une Guinée émergente.

Soixante ans après notre indépendance, il est temps d’abandonner les vieux stéréotypes d’une Guinée embourbé dans la pauvreté et les conflits. Avec des centaines de millions de téléphone mobile en circulation, accélérant l’accès à internet, les Guinéens ont le potentiel pour passer d’un bond des vieilles technologies vers une prospérité nouvelle. La Guinée est en mouvement, une nouvelle Guinée émerge. Nous devons lancer des initiatives majeures pour renforcer la sécurité alimentaire, la santé publique, l’accès à l’électricité et pour préparer la prochaine génération de leaders et entrepreneurs Guinéens.

Je suis certain que le redressement de notre Pays n’est pas important seulement pour Guinée elle-même mais pour toute la sous région. Nous ne serons pas capables d’affronter les défis du moment – une économie globale forte, la lutte contre l’ethnocentrisme violent, le changement climatique, l’éradication de la faim et de l’extrême pauvreté – sans les voix et les contributions de millions de nos compatriotes. Et nous devons reconnaitre que beaucoup de progrès reposent sur des fondations fragiles. Des centaines de millions de Guinéens endurent toujours l’extrême pauvreté. Beaucoup vivent dans des bidonvilles sans électricité ni eau courante – un niveau de pauvreté qui est une atteindre à la dignité humaine.

La tâche la plus urgente aujourd’hui et pour les décennies à venir est de créer des opportunités pour la prochaine génération. C’est une entreprise immense. Notre Pays devra générer des millions d’emplois de plus qu’elle ne le fait aujourd’hui. Il n’y a plus de temps à perdre. Les choix faits aujourd’hui façonneront la trajectoire de la Guinée pour les décennies à venir.

La jeunesse de notre Pays au chômage, nous avons l’obligation de créer beaucoup d’opportunités puisque ces jeunes maitrisent les nouvelles technologies et provoquent des réformes et de la croissance. Les économistes vous diront que les pays, les régions, les continents croissent plus vite avec de jeunes générations. C’est un avantage économique – mais seulement si ces jeunes sont éduqués. Il n’y a qu’à regarder le Moyen Orient et l’Afrique du nord pour voir que quand il y a trop de jeunes sans emploi et que leurs voix sont étouffées, cela nourrit l’instabilité et le désordre.

La Guinée doit davantage commercer avec elle-même.

Plusieurs moyens permettant d’affronter ce défi. Les progrès de notre Pays dépendront d’une croissance économique débridée. Et cela nécessite du commerce et de l’investissement. Beaucoup de pays en Afrique ont fait d’importantes réformes pour attirer l’investissement. Dans beaucoup d’autres, notamment le nôtre, il reste beaucoup trop difficile de créer une entreprise, de développer une affaire. Il faut aussi aider notre Pays à commercer davantage avec lui-même, parce que les plus gros marchés pour nos marchandises sont souvent juste de l’autre côté de la porte.

Mettre fin au cancer de la corruption

D’autres pays investissent en Guinée, ce qui est une bonne chose. Il faut l’encourager. Mais les relations économiques ne peuvent se limiter à créer des infrastructures avec de la main d’œuvre étrangère ou à exploiter les ressources naturelles. Un vrai partenariat doit conduire à créer des emplois et de nouvelles aptitudes pour les Guinéens. Cela implique aussi d’être sûr qu’une comptabilité honnête est tenue lorsque des hommes d’affaires investissent dans notre Pays. Rien ne sera plus efficace pour déverrouiller le potentiel économique de notre Pays que de mettre fin au cancer de la corruption. De ce fait, l’année dernière, une plainte a été introduite à la fois en France et en Guinée pour biens mal acquis. Les parquets de Paris et de Conakry vont travailler avec nous, en coordination, pour combattre les financements illégaux et promouvoir la bonne gouvernance, la transparence et l’État de droit. Nous devons avoir des lois fortes qui interdisent aux sociétés de s’appuyer sur la corruption pour décrocher des marchés.

La lutte contre la corruption doit être érigée en priorité, car il s’agit du plus grand obstacle au développement économique et social et à l’épanouissement de la jeunesse, cette lutte nécessite un engagement politique sincère, une action publique soutenue et une forte implication civique. Ce fléau n’est pas une fatalité Guinéenne, ne représente pas l’apanage du continent et qu’il constitue un phénomène mondial qui sévit dans les pays du Nord, comme dans ceux du Sud, et il risque de mettre à mal la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD), décidés à l’échelle internationale.

La lutte contre ce fléau requiert une mise en synergie de toutes les expériences et des expertises, dans le cadre d’une vision commune que partagent tous les partenaires, cette lutte ne peut en aucun cas devenir une nouvelle forme de domination et de pression et que le bien de nos peuples passe par la prévention et la responsabilisation de tous les acteurs de nos sociétés. Il faut prendre conscience que des effets dévastateurs de la corruption et décidé de ne ménager aucun effort pour en venir à bout.

Les ingrédients de la démocratie

Les progrès en Guinée dépendront aussi de la démocratie. Nous savons tous ce qu’en sont les ingrédients : des élections libres et justes, la liberté d’expression, la liberté de réunion. Ces droits sont universels. J’insiste : la démocratie ne se limite pas à un formalisme électoral. Quand des journalistes sont emprisonnés alors qu’ils font leur travail, quand des activistes sont menacés et la société civile réprimée, vous avez une démocratie de façade, mais pas en substance. Je suis convaincu que les nations ne peuvent accomplir la promesse de l’indépendance tant qu’elles ne protègent pas pleinement les droits de leur peuple.

Si nous croyons que les Guinéens sont égaux en dignité, alors les Guinéens ont un droit identique aux libertés qui est universel. Nous devons tous défendre ce principe. Ce n’est pas qu’une idée occidentale, c’est une idée humaine.

Personne n’est au-dessus de la loi.

Je dois ajouter que les progrès démocratiques sont menacés quand les dirigeants refusent de se retirer après la fin de leur mandat. Regardez Nelson Mandela, son héritage est durable car il a quitté ses fonctions de Président et il a assuré une alternance démocratique pacifique. A cet égard, L’Union africaine devrait s’assurer que les leaders respectent le terme de leur mandat et les constitutions.

Notre action doit s’inscrire dans une démarche éducative et sociale construite, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux, et, notamment, les collectivités territoriales.

Aider les Femmes et la jeunesse: Pour aider la Guinée, il faut commencer par les femmes.

Si l'on veut aider l'économie de la Guinée à se redresser, il faut commencer par les femmes, c’est un appel que je fais ici Madame la Député, pour améliorer la santé des femmes et des enfants. Les faits ont prouvé que les femmes Guinéennes sont plus enclines à économiser que les hommes et à réinvestir l’argent pour le bien-être de leur famille. Ce sont elles qui s’occupent de l’éducation des enfants, Quand des filles ne peuvent pas aller à l’école et grandissent sans savoir lire ou écrire – ce qui prive le monde de futures ingénieures, de futurs médecins, de futures femmes d’affaires, de futures présidentes – cela nous renvoie en arrière.

Oui, Réinvestir l’argent pour le bien être de la famille, cela a un impact sur la vie de leurs enfants, et de toute la communauté. Nous ne pouvons plus laisser des femmes perdre la vie en la donnant. Selon des experts, aider les femmes non seulement à prendre en charge leur santé mais également les finances du ménage peut aider à achever le premier objectif du millénaire pour le développement, l’éradication de la pauvreté extrême et de la faim. Nous estimons qu’impliquer plus les femmes dans l’agriculture dans notre Pays pourrait aider à améliorer la production et réduire de 12 à 17 % le nombre de personnes sous-alimentées. Un moyen de le faire est de donner aux femmes des semences, leur apprendre comment les planter et comment utiliser le bon engrais, et trouver des moyens de conditionnement et surtout pour procédé à l’écoulement des récoltes sur le marché. Mais il faut s’assurer que la femme pourra vendre sa production sur le marché, et il faudrait l’encourager à s’associer à d’autres femmes.

Enfin, le meilleur indicateur de la façon dont une nation va s’en sortir, c’est la façon dont elle traite ses femmes. Quand les femmes bénéficient du système de santé et sont éduquées, les familles sont plus fortes, les communautés et les nations plus prospères, les enfants ont de meilleurs résultats à l’école. Si nous voulons que votre pays se développe et réussisse, donnez des responsabilités à vos femmes.

Sur l’arbre de l’humanité, avec toutes ses branches et sa diversité, nous venons tous des mêmes racines. Nous formons tous une famille. Et pourtant, tant de souffrances dans le monde viennent de notre échec à se souvenir de cela – à se reconnaitre dans l’autre. Quand nous commençons à regarder l’autre comme moins que nous-mêmes, quand nous succombons aux divisions artificielles fondées sur l’ethnie, la communauté religieuse, alors, même les pires traitements se trouvent justifiés.

Par l’école et la transmission ensuite. Notre pays se redressera par sa jeunesse. Je sais que beaucoup doutent de la jeunesse ils ont tort. Il ne s’agit pas de lui faire des promesses, on lui en a trop fait. Il s’agit de transmettre notre culture, nos valeurs et ainsi de permettre à tous les jeunes de construire librement leur avenir. C’est cela croire en sa jeunesse.

Les vieilles pratiques sont tenaces mais les cœurs peuvent changer

Je suis convaincu que notre pays a la force, le ressort, l’envie d’avancer parce qu’il a l’histoire et le peuple pour cela.

La Guinée est bloquée par les divisions ethniques, de tous ordres et n’est plus à la hauteur de sa promesse. Nous devons regarder ensemble la vérité en face, débattre de ces grandes transformations à l’œuvre et dire où nous voulons aller, dans quelle direction, par quel chemin, parce que le temps qui nous y conduira sera long, parce que tout cela ne se fera pas en un jour.

La solution, elle est en nous. Elle ne dépend pas de l’Afrique, ou de la France. Elle ne saurait émerger non plus de compromis bancals. Elle se fera grâce à des solutions différentes, grâce à une révolution démocratique profonde. Elle prendra du temps mais elle ne dépend que de notre unité, de notre courage, de notre volonté commune.

L’enjeu est de rassembler les Guinéens.

Car cette transformation de notre pays n’est pas un combat contre quelqu’un, contre un camp, contre une partie de la Guinée. C’est un combat pour nous tous, pour l’intérêt général, pour nos enfants. Ce combat, c’est celui que nous conduirons ensemble.

J’en appelle aujourd’hui à toutes les femmes et les hommes de bonne volonté. J’en appelle aujourd’hui à toutes celles et ceux qui dans notre pays croient dans la réconciliation de la liberté et du progrès.

Nous sommes tous égaux les uns des autres. Chacun de nous a de la valeur. Chacun de nous compte. Et quand nous respectons la liberté des autres – quel que soit son ethnie, sa façon de prier, ce qu’il est, ce qu’il aime – nous sommes tous plus libres. Ta dignité dépend de la mienne et ma dignité dépend de la tienne. Les vieilles pratiques sont tenaces. Mais les cœurs peuvent changer, les esprits s’ouvrir. C’est ainsi que les choses changent, que les sociétés progressent. Ce n’est pas toujours une ligne droite. Parfois, vous avancez, vous reculez un peu. Mais je crois, en Guinée, que nous marchons vers les objectifs de justice et d’égalité.

Penser autrement. Débrider la croissance. Promouvoir un mode de développement qui sorte les gens de la pauvreté. Soutenir les formes de démocratie qui donnent la parole au citoyen. Aller vers la sécurité et la justice, qui créent la paix. Respecter les droits de l’homme pour tous. Voici les clés du progrès – pas seulement en Guinée mais dans le monde entier. Et c’est le travail que nous pouvons mener ensemble.

Je vous remercie.
Ismaël BAH
Président de l'ONG Guinée-Codéveloppement