L’Agence pour la transformation (AFT) avec l’appui du programme de l’USAID pour la gouvernance, la reddition des comptes, la participation et la performance (GAPP), mène des activités visant à renforcer le rôle de surveillance des agriculteurs et du secteur privé pour améliorer l’intégrité budgétaire et réduire le coût des affaires dans les districts de Mityana et Mubende en Ouganda. Étant un jeune associé à l’AFT, je suis confronté directement à ce qui se passe sur le terrain et à ce que les agriculteurs disent au sujet de leurs préoccupations dans le secteur de l’agriculture.

Pour la première fois, loin des commentaires négatifs que je lis souvent dans la presse, la plupart des agriculteurs de Mityana et Mubende semblent apprécier certains programmes gouvernementaux. Contrairement à de nombreuses régions du pays où ils se plaignent du mauvais état des routes, les agriculteurs sont très satisfaits de ce que le gouvernement a fait en matière de réseau routier à Mityana et Mubende. Ils affirment que grâce à l’amélioration de l’état du réseau routier, les prix de leurs produits agricoles ont plus que doublé. Les agriculteurs se plaignent cependant du peu d’efforts du gouvernement en matière d’électrification rurale.

agriculture-familiale-2014-info-afrique.comSans électricité dans la plupart des parties de la région, la valeur ajoutée ne peut être créée. Ils ont besoin d’électricité pour mettre en place des usines qui peuvent aider à moudre leurs grains de maïs et être en mesure de vendre à de meilleurs prix. Un agriculteur explique qu’il est odieux qu’en raison de des coupures d’électricité, les agriculteurs et les éleveurs de poulets soient dans l’impossibilité de produire leurs propres aliments et soient contraints de recourir à  importer des aliments coûteux du Kenya. L’agence d’électrification rurale devrait se pencher sur cette question de près.

Les agriculteurs sont également effrayés par le flux d’intrants de contrefaçon qui continue de se déverser sur le marché local. Cela varie des semences aux produits chimiques de protection des cultures. La loi qui permettrait de lutter contre les contrefaçons n’est pas effective. Les agriculteurs sont convaincus que si le gouvernement peut protéger les commerçants intègres qui offrent des produits authentiques et de qualité, ce serait un pas vers la transformation de l’agriculture. Les agriculteurs ont obligé leur organisation de tutelle, la Fédération Nationale des Agriculteurs Ougandais ( UNFFE ) à leur fournir une liste des distributeurs d’intrants d’origine. Il est urgent que l’UNFFE accède à leur requête.

Les services consultatifs de l’Agriculture Nationale (NAADS) qui reçoivent des fonds publics pour le compte des agriculteurs restent une institution que les agriculteurs connaissent et apprécient, mais il persiste un flou sur ses opérations. Les agriculteurs ne savent pas combien d’argent est alloué à cette structure, quand cet argent est dépensé, et ce à quoi précisément est destiné l’argent. Par exemple, le rapport de l’audit de 2008 révèle que seulement 37,1% du total des fonds consacrés aux NAADS peut être considéré comme une dépense utile. Depuis la création du programme en juin 2006, on estime qu’un total de 107 millions de dollars a été consacré aux activités des NAADS.

Les problèmes de corruption et d’autres irrégularités financières dans la mise en œuvre des programmes des NAADS sont monnaie courante dans les médias. À ce titre, certaines études adoptant des approches quantitatives comme Benin et al. (2007), et d’autres utilisant des approches qualitatives telles que l’OPM (2005) et Scanagri (2005) donnent un aperçu sur les lignes de faille flagrantes du programme des NAADS. En particulier, Benin et al. (2007 ) ont observé que bien qu’il y ait un certain effet positif lié à l’adoption des programmes des NAADS, aucune différence significative dans les rendements n’a été observé entre les agriculteurs affiliés aux NAADS et ceux qui ne le sont pas. Dépenser sans un retour sur investissement est une perte pour les agriculteurs et les contribuables ougandais en général. Mais avec l’intervention de l’AFT et du GAPP de l’USAID, les agriculteurs sont en train d’acquérir les compétences et les techniques sur la façon de suivre leur argent depuis Kampala jusqu’à la ferme, en passant par les gouvernements locaux des districts de Mityana et de Mubende. Avec ces connaissances sur les processus de budgétisation et d’exécution des programmes des NAADS, les agriculteurs et leurs organisations obligeront les fonctionnaires corrompus à rendre des comptes. Selon Morrison Rwakakamba, le  chef exécutif de l’Agence de transformation (AFT), il est urgent de renforcer la capacité des agriculteurs à suivre les fonds des NAADS et s’assurer que l’argent atteigne les bénéficiaires visés. Les NAADS doivent intégrer la gouvernance, la participation et les principes de performance que le projet GAPP vise également à promouvoir. À ce titre, il est vital d’améliorer  l’implication des agriculteurs comme des acteurs clés dans la mise en œuvre de ce programme important du gouvernement.

Rwakakamba soutient aussi qu’environ 7 millions de ménages feront face, très probablement, à une crise foncière profonde si l’efficience et les technologies appropriées ne sont pas adoptées dans les fermes. Emmanuel Bushema, membre du conseil des NAADS et de l’UNFFE soutient qu’il est nécessaire respectivement de mécaniser l’agriculture et de mener des recherches sur les sols ainsi que trouver des méthodes scientifiques agricoles pouvant être largement utilisées afin de répondre à la demande de nourriture de plus en plus croissante dans le pays. Il plaide également pour la création d’écoles agricoles régionales et de parcs de jeunes agriculteurs. C’est un appel que les dirigeants à tous les niveaux de l’Ouganda doivent prendre au sérieux.