Au Sénégal, les fausses nouvelles représentent un des enjeux de l’élection présidentielle du 23 février 2019. Des activistes se mobilisent pour lutter contre leur propagation. Sur des blogs, des sites ou via les réseaux sociaux, des initiatives voient le jour pour améliorer la qualité de l’information et du débat démocratique.

Ils sont blogueurs ou simples citoyens. Sur les réseaux sociaux, ils tentent d’agir comme des modérateurs. Emmanuel Diokh est juriste, et enseignant à Dakar. Il forme ses élèves à l’usage des réseaux sociaux et intervient sur Twitter au contact de certains utilisateurs. Objectif éviter le partage de fausses nouvelles. Derrière son initiative, deux idées : d’abord faire avancer le débat démocratique avec des informations vérifiées, mais aussi limiter les prises de risques pour ceux qui partagent les fausses informations.

Une loi sévère

L’utilisateur qui partage une fausse information risque en effet une peine qui peut aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement, avec une forte amende. Le partage d’une fausse nouvelle fait tomber automatiquement l’internaute sous le coup de l’article 255 du Code pénal. Cela s’applique aussi à celui qui jette le discrédit sur les institutions publiques ou leur fonctionnement, dit la loi. Des interprétations du texte pourraient se rapprocher de la censure, relèvent ici de nombreux juristes. Cet arsenal législatif n'empêche pourtant pas les fake news. Comme il est très contraignant, il n’y a pas de demi-mesure. La loi est donc peu appliquée.

#Stopfakenews

Le gouvernement a donc lancé il y a un an une campagne anti-fake news. Le but n’était pas de condamner tous les internautes fautifs à trois ans de prison. Mais plutôt de relayer des informations dites vérifiées, étayées. Voici un exemple de fausse nouvelle qui a été contrée assez rapidement : celle du palais présidentiel de Dakar. Des internautes ont partagé une fausse information selon laquelle le palais appartiendrait toujours à la France. L’Etat Sénégal devant verser un loyer tous les mois. Tout cela est faux, l’exécutif l’a rappelé très vite sur Twitter. A part cet exemple, il faut quand même dire que la campagne a davantage été l’occasion de faire la promotion des actions du gouvernement.

Africa Check, un site de vérification des faits

Peu de titres de la presse sénégalaise ont des journalistes et des rubriques dédiées à l’analyse des fausses nouvelles. On peut quand même citer Africa Check, qui fait un vrai travail de vérification des déclarations, des chiffres contenus dans la presse sénégalaise. Et ce depuis 2012. Les fausses nouvelles sont enfin des armes utilisées par des hommes politiques ici. Avec la campagne présidentielle, Africa Check risque d’avoir de plus en plus de travail.

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