La tension est retombée à Brazzaville après deux jours de heurts entre partisans et opposants au référendum sur la Constitution qui doit se tenir dimanche. Et c'est dans ce contexte que le président français s'est exprimé sur ce scrutin à venir. Selon François Hollande, « le président Sassou-Nguesso peut consulter le peuple », « ça fait partie de son droit », dit-il.

Il y a une évolution dans la position du président français par rapport au Congo-Brazzaville. Le 7 juillet 2015, à l'Elysée, François Hollande a reçu son homologue congolais Denis Sassou-Nguesso à la demande de ce dernier. A l'issue de cet entretien, le président français a déclaré par communiqué qu'il était attaché au fait que « les réformes constitutionnelles soient fondées sur un consensus ». Or les faits ont prouvé qu'il n'y avait pas consensus. Le 27 septembre dernier, l'opposition congolaise a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Brazzaville. Et le 15 octobre, au micro de RFI, le ministre congolais de la Communication, Thierry Moungala, a reconnu lui-même qu'il n'y avait pas consensus.

Du coup, aujourd'hui, le chef de l'Etat français ne fait plus de ce « consensus » une condition à la reconnaissance de ce référendum par la France. Il se contente d'affirmer que le chef de l'Etat congolais a le droit de consulter son peuple, mais qu'en même temps il doit veiller à « rassembler » et à « apaiser ». Incontestablement, c'est un recul de la part de l'Elysée. Il y a un an, le 27 novembre 2014, deux jours avant le sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie à Dakar, le président français, au micro de RFI, France 24 et TV5 Monde, avait clairement mis en garde les chefs d'Etat qui voulaient changer les règles du jeu pour briguer un troisième mandat. Dans une allusion claire à Denis Sassou-Nguesso, il avait évoqué notamment la règle de la limite d'âge.

Aujourd'hui, François Hollande se contente donc de demander à Denis Sassou-Nguesso de « rassembler » et « d'apaiser ». En aparté, un proche du président français confie : « Nous avons envoyé plusieurs messages à Sassou, mais il ne veut rien entendre. Il est décidé à aller au troisième mandat. Donc, nous observons ce qui va se passer ».

Par Christophe Boisbouvier

Mamadou Lamarana LY pour maguinee.com