Du 8 au 10 juillet, plus de 1500 chercheurs venus du monde entier se donnent rendez-vous à La Sorbonne pour parler de l'Afrique. Un temps fort qui se double d'une semaine culturelle, « Africa Acts ». Révolutions et mouvements citoyens, rébellions armées et terrorisme religieux, santé publique et enjeux environnementaux, gouvernance et justice, féminisme et mobilisation artistique en Afrique… Ce sont là quelques-uns des thèmes qui seront débattus à la Sorbonne (Paris) du 8 au 10 juillet par plus de 1500 chercheurs venus du monde entier à l’occasion de la 6è Conférence européenne des études africaines (ECAS), organisée par le réseau européen d’africanistes AEGIS et deux laboratoires du CNRS, Les Afriques dans le monde (LAM) et l’Institut des mondes africains (IMAF).
Des travaux scientifiques accompagnés d’une semaine artistique
Rencontre bisannuelle constituée cette année autour des « Mobilisations collectives en Afrique », l’ECAS permet de faire le point sur l’état des recherches africanistes. Histoire, archéologie, science politique, sociologie, philosophie… où en est-on de la recherche sur les sociétés africaines mais aussi en Afrique ?
Un salon des éditeurs européens et américains proposera des ouvrages de qualité à la diffusion habituellement confidentielle. Et, pour la première fois, l’ECAS se doublera d’une semaine culturelle « Africa Acts » avec la présentation dans toute la capitale française du travail d’artistes contemporains renommés, tels le chorégraphe nigérian Qudus Onikeku, le cinéaste camerounais Jean-Pierre Bekolo, le contre-ténor Serge Kakudji, le performeur nigérian Jelili Atiku ou encore le danseur sénégalais Alioune Diagne.
Où sont les chercheurs africains ?
Si la majorité des intervenants viennent d’universités ou de laboratoires européens, mais aussi américains, le nombre d’Africains travaillant sur le continent est relativement faible. À peine 10 % des participants, regrette l’historien français Pierre Boilley. « Non seulement il y a peu d’universités où l’on peut faire de la recherche en Afrique, explique-t-il. Mais lorsqu’il y en a, les laboratoires n’ont pas les moyens de payer le voyage jusqu’à Paris à leurs chercheurs pour participer à un tel événement. Il faut souligner néanmoins qu’il existe des initiatives similaires sur le continent, notamment au Nigeria cette année. L’Association des historiens africains, par exemple, organise des congrès régulièrement. » Cette question cruciale sera débattue, entre autres, lors d’une table-ronde consacrée à « la circulation des enseignants chercheurs africains dans le contexte académique mondialisé », car tant que l’essentiel de la recherche et de l’édition sera concentré en Occident, celui-ci continuera à parler de l’Afrique plutôt qu’avec les Africains.
Par Séverine Kodjo-Grandvaux