Six pays africains négocient avec le FMI pour une aide financière. L’hypothèse d’une dévaluation est écartée. Celle de 1994 restant un souvenir souloureux pour les Africains. Embourbés dans une crise provoquée par la chute des cours du pétrole, les six pays d’Afrique centrale – Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad – sont en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour une aide financière. Une décision validée lors d’un sommet à Yaoundé (Cameroun), fin décembre 2016, qui a évacué d’entrée de jeu l’hypothèse d’une dévaluation du franc CFA.

Un soulagement pour ces pays, car la forte dévaluation opérée en 1994 reste un souvenir douloureux. « Le mot dévaluation accolé à CFA traumatise tout le monde », confirme un expert. Inévitable à l’époque, car la monnaie était très surévaluée, elle est pourtant intervenue trop tard et donc brutalement : du jour au lendemain, le prix du franc CFA fut divisé par deux.

Thérapie de choc

« Il fallait le faire dix ans plus tôt, se remémore le spécialiste de l’Afrique Serge Michailof, qui en fut l’un des artisans au sein de la Banque mondiale. Les banques étaient en quasi-faillite, les balances commerciales et les budgets des Etats étaient exsangues. » Cette thérapie de choc profita aux paysanneries des pays exportateurs de matières premières, mais les populations urbaines virent leur pouvoir d’achat réduit de moitié.

Une telle opération n’a pas cette fois été jugée justifiée. Celle-ci aurait accru les pressions inflationnistes sans permettre de réaliser des vrais gains à l’export, car les économies d’Afrique centrale, très peu diversifiées, sont surtout dépendantes de la rente pétrolière dont les prix sont indexés sur les cours mondiaux. En outre, dévaluer un franc (celui d’Afrique centrale) et pas l’autre (celui d’Afrique de l’Ouest) aurait menacé la cohésion de la zone dans son ensemble. Aujourd’hui, les pièces et les billets ne sont pas interchangeables entre les deux sous-régions, malgré une même parité fixe avec l’euro.