Habitués à évoluer sous les caméras d'Hollywood, certains acteurs américains ont braqué leurs projecteurs sur la situation dramatique qui prévaut dans l'Est de la République démocratique du Congo. Depuis quelques années, ils en sont devenus les porte-voix, des fervents défenseurs des populations victimes d'exactions de tout ordre. Des scènes qu'ils ne pensaient voir que dans leurs films, loin de s'imaginer que la réalité pouvait être si proche de la fiction...

Robin Wright, star de la célèbre série américaine « House of Cards » est la dernière en date à utiliser sa célébrité pour la défense de la cause congolaise. Elle a lancé la campagne #StandWithCongo. Objectif : mettre fin au pillage des vastes ressources minérales de la RDC et briser le cycle de guerres dévastatrices qui ont fait plus de cinq millions de morts. La campagne cible les entreprises technologiques et les dirigeants politiques dans le but d'exercer une pression pour une plus grande transparence dans le secteur minier de la RDC, d'où sont issus des « minerais de conflit », comme le coltan, utilisé dans la fabrication des Smartphones. L'actrice a également co-produit le documentaire « Quand les éléphants se battent », qui sera diffusé dans 50 universités américaines et qui raconte l'histoire mouvementée du Congo. Robin Wright a décidé de s'engager en faveur de la cause du Congo, après avoir effectué un voyage dans ce pays il y a cinq ans et discuté avec des femmes victimes de viols de masse perpétrés par des hommes armés. Ces dernières lui avaient alors demandé d'être leur voix afin de se faire entendre dans le monde entier.

Bien avant la Claire Underwood de House of Cards, c'est l'acteur Ben Affleck qui a créé, depuis 2009, l'« Eastern Congo Initiative » (Initiative pour l'Est du Congo), pour alerter l'opinion publique sur les conflits qui secouent cette partie de l'Afrique. Comme l'aurait fait Batman qu'il incarne au cinéma, Ben Affleck s'est rendu à plusieurs reprises en missions humanitaires au Congo pour rencontrer notamment les femmes victimes de violences sexuelles. L'acteur américain a même défendu la cause congolaise au Congrès américain. Ben Affleck, qui est également scénariste et réalisateur, souhaitait également réaliser un film mais a confié s'être heurté aux réticences d'Hollywood. Son compatriote et collègue acteur, Leonardo Di caprio a lui eu plus de chance puisqu'il a produit le documentaire « Virunga », en partenariat avec Netflix. Le film, mélange de journalisme d'investigation et de documentaire suit une équipe de gardes forestiers en République démocratique du Congo prise au milieu des braconniers, des milices et des intérêts économiques.

Pour sa part, l'acteur-activiste George Clooney a lancé l'association « The Sentry » (la sentinelle) avec pour mission de démanteler les financements des conflits africains les plus meurtriers en Afrique et notamment en RDC.

Angelina Jolie s'était également engagée dans la lutte contre les viols des femmes en Ethiopie et en République démocratique du Congo, où elle avait séjourné en 2013 en tant qu'envoyée spéciale Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Dans ce cadre, elle avait organisé, à Londres en 2014, un sommet sur le viol en temps de guerre. En 2014, l'acteur Britannique Jude Law avait également plaidé pour plus d'attention de la communauté internationale envers cette région trouble.

Des initiatives ailleurs en Afrique

 

Pour sa part, la chanteuse Madonna, à travers sa fondation « Raising Malawi », finance des écoles et l'éducation pour les orphelins du Malawi. L'engagement de Bono, le leader du groupe U2, en faveur de l'Afrique lui a valu d'être nominé pour le prix Nobel de la Paix en 2003, en 2005 et en 2006. De son côté,l'actrice sudafricaine Charlize Theron a créé, depuis 2006, « Charlize Theron Africa Outreach Project » (CTAOP), afin de lutter contre le Sida auprès des jeunes

Les grandes causes humanitaires ont besoin de stars pour exister. Mais certaines stars peuvent également perpétuer leur célébrité en s'engageant pour une cause. Dans ces différentes croisades humanitaires, certains travaillent dans le long terme comme Ben Affleck, dont la structure a financé de nombreux projets en faveur des populations, loin de l'effervescence médiatique. Mais pour d'autres, cela restera toujours du « Charity business », des opérations de communication au service de leur seule renommée. L'hashtag « #Bingbackourgirls », brandi un certain temps par des célébrités, en vue de la libération des jeunes lycéennes enlevées par Boko Haram, est tombé dans les oubliettes depuis bien longtemps. Néanmoins, l'engagement des stars dans une cause humanitaire, notamment au Congo, a au moins le mérite d'attirer les caméras et les médias. Reste à savoir si les objectifs seront atteints. Car c'est avant tout aux autorités et aux populations des pays visés de résoudre les problèmes aux différentes crises auxquelles elles sont confrontées.

Patrick Ndungidi