En vue de lutter contre l'immigration illégale, les deux parties, à un très haut niveau, ont convenu de prendre le taureau par les cornes.

Une délégation de l'Union européenne conduite par le président du conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union, Bert Koënders, reçue à Abidjan par le président ivoirien Alassane Ouattara ? Voilà qui montre combien la question des flux migratoires a pris de l'importance dans la coopération entre les entités ivoirienne et européenne puisque c'était le thème principal de la séance de travail qui a suivi.

Dialogue de haut niveau

Un dialogue de haut niveau sur les migrations s'est donc déroulé week-end du 16 avril à Abidjan entre le ministre des Affaires étrangères de la Côte d'Ivoire, Albert Mabri Toikeusse, et le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Bert Koënders. En visite en Côte d'Ivoire, Bert Koënders est intervenu au nom de la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, la vice-présidente de la commission européenne, Mme Federica Mogherini. Faut-il le rappeler : ce dialogue fait suite au sommet de La Valette des 11 et 12 novembre 2015 au cours duquel des engagements réciproques ont été pris en vue de gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects, notamment en renforçant la lutte contre l'immigration illégale. À cette occasion, le commissaire européen pour la coopération internationale et le développement et Neven Mimica et le président ivoirien Alassane Ouattara avaient constaté leur convergence de vues.

Mise en œuvre des cinq piliers de La Valette

Selon l'ex-représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Bert Koënders, il est impérieux que l'Union européenne vienne discuter avec la Côte d'Ivoire de la mise en œuvre des cinq piliers de La Valette. « Nous avons parlé de la complicité de la question de l'immigration. La Côte d'Ivoire a une grande expérience dans la sous-région sur la question. Nous avons échangé sur comment on peut gérer tous les aspects de l'immigration internationale entre l'Union européenne et la Côte d'Ivoire", a-t-il déclaré. Pour lutter contre les causes profondes des migrations, l'Union européenne a salué les résultats de la Côte d'Ivoire en termes de croissance économique. Elle a rappelé son appui substantiel dans les domaines de la formation professionnelle et de l'emploi des jeunes, de la sécurité et de l'état de droit, des infrastructures sociales, de l'agriculture et de la consolidation du système du foncier rural ainsi que de l'énergie. L'Union européenne s'est engagée en particulier à appuyer la mise en place du Plan national de développement (PND) 2016-2020, en facilitant la promotion des investissements de ses entreprises privées, particulièrement dans les secteurs de la transformation des matières premières. Elle s'est engagée par ailleurs, à soutenir les initiatives de la Côte d'Ivoire dans le domaine de l'emploi des jeunes, dans le cadre du plan d'action défini par elle.

Une tendance favorable...

Pour coopérer sur la migration légale et la mobilité, la Côte d'Ivoire et l'Union européenne constatent que la politique de l'Union européenne en la matière est ouverte tant en ce qui concerne le court séjour, le regroupement familial que les visas pour étudiants. 80 000 Ivoiriens résidents aujourd'hui légalement dans l'Union européenne et plus de 7 000 nouveaux permis de résidence sont émis chaque année. Afin de consolider de manière durable cette situation favorable qui nécessite la mise en place de processus fiables, l'Union européenne et la Côte d'Ivoire manifestent la volonté de lutter contre une fraude documentaire importante. L'Union européenne pourrait aussi coopérer à la modernisation du registre d'état civil ivoirien ainsi qu'à celle des mécanismes de suivi de la circulation des biens et des personnes aux frontières.

... sur la protection et l'asile

À ce propos, les deux parties ont travaillé ensemble dans le cadre notamment de l'assistance humanitaire afin de réduire les tensions dans l'Ouest, de soutenir les personnes les plus fragiles et d'améliorer la sécurité alimentaire : 35 millions d'euros y ont été consacrés par l'Union européenne sur la période 2012-2015. L'Union européenne a constaté avec satisfaction que le retour des réfugiés ivoiriens présents dans les pays voisins s'est accéléré, encourageant les réfugiés encore présents dans ces pays à suivre le mouvement.

Sur la lutte contre les migrations irrégulières les trafics de migrants et la traite des êtres humains, la Côte d'Ivoire a exprimé sa ferme volonté de prendre les mesures préventives et répressives pour lutter contre ces phénomènes et l'Union européenne envisage d'y contribuer notamment en soutenant les efforts de la Côte d'Ivoire à travers un appui au renforcement de la gestion de ses frontières. De même, l'Union européenne appuiera les initiatives de sensibilisation à la lutte contre ces fléaux.

... sur la réadmission et la réintégration

La Côte d'Ivoire et l'Union européenne partagent l'avis que la mise en œuvre d'une politique efficace de retour systématique des personnes en situation irrégulière constituent une partie intégrante de la gestion des migrations et qu'elle est le meilleur moyen de décourager les candidats potentiels de mettre leur vie en péril. Elle a constaté que sur la base de ses chiffres, très peu de ressortissants ivoiriens ayant fait l'objet de décisions de reconduite à la frontière ont été effectivement reconduits avec un taux de retour avoisinant 14%. Dans le cadre de ses relations avec les États membres de l'Union européenne, la Côte d'Ivoire s'est engagée de son côté, à vérifier ces chiffres et à accroître sa coopération, notamment en améliorant les procédures d'identification des personnes en situation irrégulière y compris à travers les missions d'identification qu'elle conduit déjà en Europe et qu'elle intensifiera et la délivrance des laisser-papiers consulaires. De son côté, l'Union européenne a confirmé sa volonté d'accompagner le retour des Ivoiriens en situation irrégulière en mettant en place des aides à la formation/réinsertion.

Par ailleurs, l'Union européenne a confirmé à la Côte d'Ivoire qu'elle pourra bénéficier du fonds fiduciaire lancé au sommet de La Valette à travers des projets à dimension régionale. Les deux parties ont convenu de mettre en place un mécanisme d'évaluation et de suivi de ces engagements, et de traiter également les migrations dans le cadre du dialogue politique.