Les Ivoiriens ont voté dans le calme dimanche à l'élection présidentielle pour laquelle Alassane Ouattara, face à une opposition divisée et après le désistement de plusieurs candidats, fait figure de grand favori. Les premières tendances laissaient à penser que le président sortant se dirigeait vers une victoire dès le premier tour.

Le dépouillement se poursuit en Côte d’Ivoire après la présidentielle qui s’est déroulée dimanche 25 octobre dans le calme. Aucun incident majeur n’a ainsi été signalé, même si des retards d’une ou deux heures pour l’ouverture des bureaux de vote ont été fréquents – jusqu’à cinq heures pour un bureau à Bouaké, où un électeur, Karim Konaté, a parlé de « sabotage ». « Tous les bureaux sont fermés et on procède actuellement au dépouillement », a affirmé à 20 heures (locales et GMT) un membre de la Commission électorale, qui avait repoussé l’heure de fermeture. Un peu plus de 6 millions de personnes étaient inscrites sur les listes électorales. À minuit, selon une source à la Commission électorale nationale consultée par l’envoyée spéciale de Jeune Afrique, 914 000 bulletins avaient été dépouillés, et le président sortant était largement en avance, devant Pascal Affi N’Guessan et Kouadio Konan Bertin. Des résultats naturellement très partiels et provisoires.

Selon des observateurs, le taux d’abstention risque d’être élevé, alors que la participation avait frôlé les 80 % en 2010. Certaines sources font état d’une abstention établie à 65%. Dans le centre d’Abidjan, au collège Notre-Dame, le taux de participation à la mi-journée avoisinait 45 %. À Yopougon, quartier populaire de la capitale réputé pro-Gbagbo, il se situait vers 17 heures à 25 % au collège William Ponty, le plus gros bureau de vote du pays. « L’engouement que nous constatons sur l’ensemble du territoire nous fait penser que le taux de participation sera très bon », a toutefois affirmé le président Ouattara après avoir voté à Abidjan. « Nous devons (…) sortir de ces élections avec la paix, la sérénité et nous rassembler davantage pour faire face aux autres défis qui attendent la nation ivoirienne », a-t-il poursuivi.

Alassane Ouattara s’est appuyé sur une impressionnante machine de campagne électorale et a mis en avant en particulier son bilan économique, en espérant une réélection dès le premier tour. Parmi ses six adversaires, Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), paraissait le plus à même de le pousser à un deuxième tour. Toutefois, une partie du FPI a choisi de boycotter l’élection par fidélité à l’ancien président. Claude Akho, qui a voté pour Pascal Affi à Yopougon-Millionnaire, le regrettait. « Je dis à mes frères: ‘Nous avons des amis en prison depuis 5 ans. Qu’est-ce que vous voulez, qu’ils y restent ? Si vous êtes contre Ouattara, il faut le dire’ ».

Trois candidats, Charles Konan Banny, Mamadou Koulibaly et Amara Essy, qui a parlé de « mascarade électorale », s’étaient retirés de la course avant le scrutin. Si le pouvoir et des observateurs ont attribué ces retraits à la crainte de « prendre une veste », Amnesty International a quant à elle appelé à « mettre fin aux arrestations arbitraires d’opposants », qui « créent un climat de peur qui compromet l’exercice de la liberté d’expression ». Pour éviter les contestations, un dispositif d’authentification biométrique des électeurs avait été mis en place avec des tablettes « anti-fraude » dans tous les bureaux. Un des candidats, Konan Kouadio Siméon, a cependant accusé le pouvoir de triche électorale. « Un bureau non répertorié a été ouvert dans le centre-ville pour frauder », a-t-il déclaré, mais cette accusation n’a pu être vérifiée.

Par Jeune Afrique avec AFP

Mamadou Lamarana LY pour maguinee.com