La situation est tendue à Conakry, où plusieurs partisans de l'opposition guinéenne qui voulaient manifester contre le pouvoir ont été blessés par des tirs à balles réelles lors de heurts avec la police, lundi 13 avril. Les affrontements ont éclaté dans le quartier d'Hamdallaye, où les forces de l'ordre ont tiré sur sur trois jeunes manifestants, selon un médecin de la clinique Jean-Paul-II.

« Les deux premiers, blessés aux jambes et aux cuisses, ont été transportés à l'hôpital Jean-Paul-II de Taouyah », a-t-il précisé, ajoutant que le troisième « a été gravement atteint au ventre par les tirs des forces de l'ordre, qui l'ont trimballé sur plusieurs mètres avant de l'abandonner ». Ce troisième blessé « a été vite récupéré par ses camarades », qui l'ont conduit dans une autre clinique du quartier de Ratoma, a indiqué un gendarme. Quatre autres manifestants ont été blessés dans le quartier de Simbaya.

« Manifestations citoyennes »

L'opposition avait appelé à manifester lundi contre l'insécurité, dont elle impute la responsabilité au président Alpha Condé, après l'agression de son porte-parole le 4 avril à Conakry. Les forces de l'ordre s'étaient déployées tôt lundi matin pour occuper les lieux prévus de ces rassemblements non autorisés dans plusieurs carrefours de la capitale.

Le président du groupe parlementaire de la majorité, Amadou Damaro Camara, a accusé l'opposition de vouloir instaurer un « climat d'instabilité » dans le pays par des manifestations « non autorisées ». Le député de la commune de Ratoma El Hadj Aliou Bah, membre de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG, opposition), a harangué ses militants, leur déclarant qu'« il ne faut plus vraiment avoir peur des policiers et gendarmes, il faut les affronter de visu ».

  « Ne provoquez personne, quand on vous dit de vous arrêter, arrêtez-vous. Mais quand on vient vous attaquer alors que vous êtes innocents, ne vous laissez plus faire. » Dans une déclaration commune signée le 24 mars à Paris, les anciens premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté ont appelé à « la reprise des manifestations citoyennes pour exiger la satisfaction des revendications » de l'opposition, estimant que le président Condé, élu en 2010, a perdu « toute légitimité ».

Ils dénoncent en particulier l'inversion du calendrier électoral par la commission électorale nationale indépendante, qui a fixé la présidentielle à octobre 2015, repoussant une nouvelle fois, à mars 2016, des élections locales, qui ne se sont plus tenues depuis 2005.