Israël et les Palestiniens ont annoncé mardi un accord pour un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza. En cinquante jours, cette guerre a fait plus de 2 100 morts palestiniens et 70 côté israélien.

C'est la fin d'un conflit sanglant qui a dévasté la bande de Gaza et endeuillé des milliers de familles palestiniennes. Mardi 26 août, après cinquante jours de bombardements et de tir de roquettes, Israël et les Palestiniens se sont mis d'accord pour un cessez-le-feu permanent. À l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, à 16h00 GMT, des tirs de joie ont résonné dans la ville de Gaza. Selon le médiateur égyptien, cet accord prévoit un allègement du blocus imposé depuis 2006 par Israël et qui asphyxie 1,8 million de Gazaouis.

Dans les rues, au milieu des célébrations, Maha Khaled, une mère de famille de 32 ans ne cachait pas sa joie : "Dieu merci, la guerre est finie". "Je n'arrive pas à croire que je suis encore en vie, avec mes enfants. Cette guerre a été très dure et on ne croyait plus que la paix arriverait", a-t-elle ajouté. Tamer al-Madqa, 23 ans, célébrait, lui, "la victoire de la résistance" : "Aujourd'hui, Gaza a prouvé au monde qu'elle résistait et qu'elle était plus forte qu'Israël".

Reprise des pourparlers dans un mois

Si ce cessez-le-feu suscite de nombreux espoirs, les points de divergences entre Israéliens et Palestiniens sont loin d'avoir disparu, et des pourparlers doivent reprendre au Caire dans un délai d'un mois. Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a salué l'accord, espérant que cette nouvelle trêve tienne et permette d'envisager un règlement à long terme entre Israéliens et Palestiniens. Idem pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a espéré que le cessez-le-feu sera un "prélude à un processus politique".

Parmi les principaux points de l'accord, dévoilés par le chef de la délégation palestinienne au Caire Azzam al-Ahmed, figure "l'ouverture des passages pour des besoins humanitaires et des vivres, pour du matériel médical et tout ce qui va permettre de réparer les systèmes d'eau, d'électricité et de téléphonie mobile". Aucun détail n'a cependant filtré sur de possibles restrictions sur les importations de matériel de construction ou la reprise des exportations depuis Gaza.

La levée des restrictions pour les pêcheurs semble par ailleurs être actée, la limitation de la zone de pêche à 3 milles nautiques devant être levée pour passer à 6 milles (11 km) puis à 12. La question de la démilitarisation de la bande de Gaza, une exigence israélienne, doit elle être discutée au Caire lors des pourparlers, tout comme celles, palestiniennes, de la réouverture de l'aéroport et celle du port maritime.

Le Hamas crie victoire

 

Mardi soir, l'heure était surtout à la célébration côté palestinien. Plusieurs dirigeants du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et du Jihad islamique, la deuxième force dans l'enclave palestinienne, sont apparus dans la soirée en public pour la première fois depuis 50 jours. Mahmoud Zahar, un haut dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, et Mohamed al-Hindi, un leader du Jihad islamique, ont ainsi prononcé un discours devant des milliers de Palestiniens dans le quartier de Rimal, à l'ouest de la ville de Gaza, signe de l'unité née peu avant le conflit.

Pour la première fois, les Palestiniens avaient envoyé au Caire une délégation représentant le Hamas, le Jihad islamique et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui chapeaute l'Autorité palestinienne. Le Hamas, qui a infligé à l'armée israélienne ses plus lourdes pertes depuis 2006 avec 64 soldats tués, a revendiqué la "victoire", assurant avoir défait "la légende de l'armée israélienne qui se dit invincible" et obtenu l'allègement du blocus, principale revendication des Palestiniens.

L'opération israélienne "Bordure protectrice" a fait 2 143 morts et 11 000 blessés dans la bande de Gaza et quelque 475 000 personnes ont été déplacées. Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), près de 55 000 maisons ont été touchées par les frappes israéliennes, dont au moins 17 200 totalement ou quasi-totalement détruites.

"Assez de négociations brumeuses"

Le président palestinien Mahmoud Abbas a pour sa part prévenu que les Palestiniens ne s'engageraient pas dans de nouvelles "négociations brumeuses". "Gaza a subi trois guerres en 2008/2009, en 2012 (et en 2014), devons-nous nous attendre à une nouvelle guerre dans un an ou deux ? Et jusqu'à quand la question palestinienne restera sans solution ?", a-t-il lancé.

La direction palestinienne se prépare à exiger que la communauté internationale fixe une date butoir pour la fin de l'occupation israélienne des Territoires palestiniens. Si leur exigence n'était pas entendue, alors, disent-ils, ils adhéreront à la Cour Pénale Internationale (CPI), ce qui leur permettrait de poursuivre des responsables israéliens sur le déroulement des opérations dans la bande de Gaza.

L'accord de cessez-le-feu met un terme à 50 jours de violence et plusieurs semaines de négociations, entrecoupées de trêves temporaires régulièrement rompues. Le dernier cessez-le-feu avait tourné court au bout de neuf jours : il y a une semaine, les violences avaient repris de plus belle, tuant 121 Palestiniens et trois Israéliens, portant à six le nombre de civils tués en territoire israélien depuis le début de la guerre le 8 juillet. 

(Avec AFP)