C'est une nouvelle phase dans le conflit qui oppose Israël au Hamas. Un cessez-le-feu de 72 heures accepté par Israël et le Hamas est entré en vigueur ce mardi 5 août dans la bande de Gaza. Mais surtout, l'armée israélienne s'est totalement retirée après presque un mois de guerre dévastatrice.

"L'armée israélienne sera redéployée en dehors de la bande de Gaza sur des positions défensives [en Israël] dès l'entrée en vigueur du cessez-le-feu", a dit à la presse un porte-parole de l'armée, Peter Lerner. Et si vous faisiez confiance aux employés Renault ? Et si vous faisiez confiance aux employés Renault ?

Comment interpréter ce retrait de l'armée israélienne? Si la pression de la communauté internationale s'est accrue ces derniers jours difficile de dire si elle a joué sur la décision d'Israël, le pays n'étant pas toujours réceptif aux déclarations des différentes chancelleries.

La destruction d'une école de l'ONU à Gaza le 3 août (la troisième depuis le début de l'escalade) a ému la communauté internationale qui a haussé le ton. "C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Même les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux". En France, François Hollande et Laurent Fabius ont tous les deux employé le mot "massacre".

Au-delà de cet aspect, d'autres raisons ont poussé les autorités israéliennes à retirer leurs soldats.

    Officiellement, l'objectif est atteint

Après les frappes aériennes déclenchées le 8 juillet, les forces terrestres israéliennes sont entrées le 17 juillet dans le territoire de Gaza pour faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur Israël mais aussi et surtout pour démanteler le réseau de souterrains permettant aux membres du Hamas de mener des incursions en Israël.

Selon son porte-parole, Tsahal a achevé dans la nuit sa mission de destruction de tunnels, brandie comme la principale raison pour déployer les troupes au sol. Ce qui lui a permis de se retirer avec un objectif atteint, et donc de déclarer victoire.

    Un bilan militaire mitigé

Toutefois, à cet objectif s'ajoute également des raisons officieuses. Comme le souligne dans une analyse au Monde, Michel Goya, directeur du Bureau de recherche du centre de doctrine d'emploi des forces, le bilan de l'opération "Bordure protectrice" n'est pas très bon pour l'armée israélienne en comparaison des précédentes opérations.

"La nouveauté de cette opération est le niveau de pertes de Tsahal qui, avec 64 soldats tués, représente presque quatre fois le total des trois précédentes opérations. Lors de "Plomb durci" en 2008-2009 le rapport des pertes avait été de 60-70 combattants du Hamas tués pour un soldat israélien. Il est actuellement dix fois inférieur", précise-t-il.

 

"Pour Israël le bilan de 'Bordure protectrice' est donc très inférieur à celui de 'Plomb durci' et de 'Pilier de défense'. Il ne reste alors que deux voies possibles, celle de l'acceptation d'une trêve en se contentant de l'arrêt des tirs du Hamas pour proclamer la victoire ou celle d'une fuite en avant à l'issue incertaine afin d'obtenir des résultats plus en proportion avec les pertes subies", analyse le chercheur.

    Prendre la main sur les négociations

Autre explication qui joue en faveur d'un retrait, la volonté de prendre la main sur les négociations qui devraient s'ouvrir. Israël et le Hamas ont en effet fini par accepter lundi soir la proposition de trêve de l'Egypte. Les Israéliens n'ont pas participé physiquement aux négociations conduisant au cessez-le-feu. Ils ont refusé après la rupture de la trêve de vendredi dernier de se rendre, même pour des discussions séparées, au Caire où une délégation palestinienne se trouvait depuis samedi.

Mais contrairement aux précédentes tentatives de médiation, "de plus amples négociations" doivent à présent avoir lieu, a annoncé un responsable égyptien. Et une délégation israélienne se rendra bien cette fois dans la capitale égyptienne, a déclaré lundi soir un responsable israélien à l'AFP.

Et c'est peu de dire que ces négociations vont êtres tendues, les deux camps ayant des exigences difficilement conciliables. Pour faire pencher la balance en sa faveur, l'Etat hébreu pourrait alors faire valoir que le retrait de ses troupes est un geste qu'il a concédé pour un retour à la normale.

Mais attention, le retrait des troupes israéliennes de Gaza ne signifie pas pour autant la fin de l'opération "Bordure protectrice". L'Etat hébreu a prévenu: il n'hésitera pas à bombarder en cas de nouvelle attaque.