La manifestation pro-Gaza prévue samedi à Paris sera-t-elle interdite? Alors qu'une source proche du dossier a indiqué mercredi que la préfecture de police de Paris avait engagé une procédure en ce sens, Manuel Valls a déclaré jeudi 17 juillet qu'il envisageait d'interdire des manifestations en cas de risque de violences et de débordements semblables à ceux de dimanche dernier, à l'issue d'une marche de soutien à la Palestine qui a réuni entre 7.000 et 30.000 personnes.

"Ces violences, ces mots (de dimanche dernier) sont d'une extrême gravité. (Ils) trouveront toujours (...) une réponse déterminée des pouvoirs publics. Et si cela doit passer, cela passera par des interdictions de manifestations", a dit le Premier ministre devant le Sénat lors des questions au gouvernement. Il faisait référence aux altercations verbales et physiques qui se sont produites dimanche aux abords de deux synagogues parisiennes, rue de la Roquette et rue des Tournelles.

A l'issue d'une marche qui s'est déroulée dimanche dans le calme, certains manifestants se sont rendus à proximité des deux synagogues. Selon plusieurs témoignages, des slogans et injures antisémites et racistes auraient été proférées. Des CRS ont dû intervenir pour repousser les manifestants pro-Gaza et mettre fin à un début d'échauffourée devant la synagogue de la Roquette avec des membres de la communauté juive, dont les militants du Betar et de la Ligue de défense juive (LDJ), qui ont ensuite revendiqué leur présence:

Spécialiste des actions coup de poing, la LDJ est considérée comme une organisation terroriste et interdite aux Etats-Unis et en Israël, mais pas en France. Ses militants, comme ceux du Betar, affirment n'avoir fait que riposter pour empêcher les militants pro-Palestine d'attaquer les synagogues et de s'en prendre aux fidèles, retranchés à l'intérieur par mesure de sécurité. Mais, comme le note Rue89, les manifestants réfutent cette version. Ils affirment avoir été pris à partie et que seule une petite minorité d'entre eux, "quelques cinglés enragés", ont cherché l'affrontement.

"Pas un mot vu lu entendu contre les juifs, pas une affiche, pas un slogan, rien... Et j’ai arpenté la manif à plusieurs reprises à mon habitude, pour chercher des amis, prendre la température", note de son côté Michèle Sibony de l'Union Juive Française pour la Paix (organisation juive de gauche radicale, critique envers la politique d'Israël). Elle raconte aussi que des militants de la LDJ auraient lancé des projectiles et injurié les manifestants pro-Palestine. Filmée par un riverain et vue 240.000 fois, cette vidéo montre par ailleurs des membres de la LDJ et du Betar prêts en découdre:

Ces accusations mutuelles se retrouvent sur les réseaux sociaux, à travers des messages où les deux camps se renvoient la balle et attisent les tensions. Elles y trouvent même leur origine. Sur Twitter, des internautes pro-Palestiniens ont ainsi fait circuler des messages attribués à des militants ou des sympathisants de la LDJ et du Betar, qui laissent penser que ce sont ces derniers qui ont provoqué les manifestants et les ont conduits dans un "guet-apens" rue de la Roquette: