SARKOZY - Il n'en finit pas de faire couler de l'encre, et pas seulement en France. Nicolas Sarkozy est au centre d'une polémique en Suisse où il a donné une conférence vendredi 6 juin au Swiss Economic Forum (une sorte de mini-Davos). Le comportement de l'ex-président français n'a semble-t-il pas plu à tout le monde.

Et le premier à s'en plaindre n'est pas n'importe qui. Adolf Ogi, ex-président de la Confédération, a fait un portrait peu flatteur ce lundi 9 juin de Nicolas Sarkozy dans un article du journal Le Matin. "M. Sarkozy a fait son numéro. Il a plu, par sa rhétorique, ses mimiques. Il s’est imposé, donnant le spectacle qu’il voulait donner", a indiqué Adolf Ogi au quotidien qui a qualifié la prestation de l'ex-chef d'Etat de "one man show".

Toujours selon Le Matin, Nicolas Sarkozy a également "un brin agacé les organisateurs" en souhaitant qu'il n'y ait "ni caméra ni photos [...] Et aucune question sur la politique intérieure française".

Un manque de respect

Mais ce seraient des propos tenus devant une vingtaine de personnes en marge de la conférence qui ont froissé le plus Adolf Ogi. Le journal helvète affirme que Nicolas Sarkozy s'est permis de donner une leçon à la Suisse. "Il s’est mis à expliquer que la Suisse devait entrer dans l’Union européenne. Qu’un pays ne peut pas être gouverné par un président qui change chaque année. Ou que notre système avec sept conseillers fédéraux est inefficace, désuet", écrit le journal qui a également signé un édito au vitriol.

Des propos auxquels Adolf Ogi, présent au moment où cela a été dit, n'a pu s'empêcher de réagir. "Il est allé trop loin. Il fallait dire stop. Je l’ai interrompu", explique-t-il ajoutant qu'il considérait cela comme un manque de respect. "Si une personne se montre irrespectueuse envers notre pays, je ne laisse pas passer. C’était le cas lorsque j’étais au Conseil fédéral. C’est toujours le cas aujourd’hui. Et ce le sera demain", a-t-il asséné.

Les confidences d'Hillary

Hasard du calendrier, c'est également ce lundi 9 juin, que des propos d'Hillary Clinton, peu avantageux pour Nicolas Sarkozy, ont circulé. Dans son nouveau livre, dont un extrait a été diffusé par la site américain Politico, l'ex-chef de la diplomatie américaine raconte que Nicolas Sarkozy aime les potins et commenter sans détour la personnalité des dirigeants étrangers.

"La plupart des dirigeants étrangers sont plus calmes en privé qu'en public. Pas Sarkozy", écrit Hillary Clinton dans "Hard Choices", ses mémoires revenant sur ses quatre années passées à la tête du département d'Etat de 2009 à 2013 ("Le temps des décisions" en France), dont la publication aura lieu mardi aux Etats-Unis.

"Il racontait des potins, décrivait nonchalamment d'autres dirigeants étrangers comme fous ou infirmes; l'un d'eux était un 'fou accro aux drogues'; un autre avait une armée 'qui ne savait pas se battre'; et encore un autre descendait d'une longue lignée de 'brutes'", explique-t-elle.

 

Hillary Clinton relève aussi que l'ancien président français critiquait l'univers très masculin de la diplomatie. "Sarkozy se demandait en permanence pourquoi tous les diplomates qui venaient le voir était systématiquement vieux, gris et masculins", dit-elle tout en saluant les qualités humaines de l'ancien président.

"On riait, on débattait, on se disputait, mais la plupart du temps on finissait par se mettre d'accord sur ce qu'il fallait faire", notamment en Libye, souligne Hillary Clinton. La démocrate termine d'ailleurs son court portrait en précisant que "malgré son exubérance, c'était toujours un gentleman". Lorsqu'elle perdit sa chaussure sur le perron de l'Elysée devant des photographes, Nicolas Sarkozy l'avait aidée à retrouver son équilibre. Hillary Clinton lui envoya ensuite une photographie de l'incident, avec cette dédicace: "Je ne suis peut-être pas Cendrillon, mais vous serez toujours mon prince charmant".