La Guinée, l’anglo-australien Rio Tinto et le chinois Chinalco sont parvenus à un accord sur les conditions du transfert de la totalité des parts de Rio Tinto à Chinalco dans le développement de la partie sud du Simandou, où se trouve le plus grand gisement de fer du continent. Les premières prospections de Rio Tinto datent de 1996.

Le projet minier de fer Simandou Sud pourrait-il renaître de ses cendres avec la compagnie chinoise associée à son développement depuis 2012 ? C’est ce que laisse penser l’information communiquée par le gouvernement de Conakry vendredi 28 octobre en début d’après-midi.

« Sous l’égide du gouvernement Guinéen, Rio Tinto et Chinalco sont parvenus, à la suite de plusieurs mois de négociations, à un accord sur les conditions du transfert de la totalité des parts de Rio Tinto à Chinalco. […] Le protocole d’accord signé ouvre la voie à la prise de contrôle du projet par Chinalco, qui sera parachevée après la finalisation d’un accord détaillé dans les prochains mois », écrit le ministère des Mines et de la Géologie, dans un communiqué transmis par la cellule de communication du gouvernement.
Dans le détail, et à condition que le deal aille à son terme, Rio Tinto céderait à Chinalco la totalité de ses parts dans Simfer Jersey, la co-entreprise mise sur pied par Rio Tinto et Chinalco en avril 2012. Celle-ci possède 80,75% des actions de Simfer S.A, la société détentrice des droits du Projet Simandou Sud. L’État guinéen en est actionnaire à 15%.


« Les parties ont convenu du remboursement des coûts historiques engagés par Rio Tinto, réduits de 25%, après l’entrée en production du projet », disent encore les autorités de Conakry.

Un projet enterré

Cette nouvelle intervient alors que le projet minier géant d’exploitation du fer du mont Simandou, situé à 800 kilomètres de Conakry, dans l’est du pays, semble au point mort. Après avoir signé avec le gouvernement guinéen un accord révisant le planning de développement de la mine et des infrastructures de Simandou, le 26 novembre 2015, Rio Tinto avait annoncé en juillet 2016, par la voix de son tout nouveau directeur général, la mise en veille pure et simple de ce méga-projet minier.
Selon Reuters, qui cite l’interview donnée par Jean-Sébastien Jacques au Times, cet arrêt s’explique par la baisse des prix et l’excès de production de minerai de fer sur le marché.
A fortiori, la Société financière internationale, filiale d’investissement privé de la Banque mondiale, a quitté début octobre 2016 le consortium qui développe le projet minier de fer Simandou Sud en revendant une participation de 4,6%  dans Simfer [filiale locale chargée du développement du projet]. Elle a revendu ses parts à Rio Tinto et Chinalco.
Les deux tiers des coûts de développement du projet du Simandou, qui s’élèvent à environ 20 milliards de dollars, soit près de 17,6 milliards d’euros, portent sur les infrastructures de transport et de logistique du projet. Il s’agit entre autres d’un nouveau chemin de fer de 650 kilomètres de long, reliant le sud-est de la Guinée à la côte atlantique, et d’un nouveau port en eau profonde multi-usagers.

La rentabilité de la production qui pourrait sortir du Simandou chaque année semble difficilement tenable.

Les cours mondiaux sont passés de 177 dollars la tonne en 2011 à moins de 40 dollars fin 2015, avant de remonter légèrement au-dessus de 50 dollars en 2016. En conséquence, la rentabilité de la production des 100 millions de tonnes de minerai de fer qui pourraient sortir du Simandou chaque année semble difficilement tenable.
Que nenni défend-t-on à Conakry : « L’étude de faisabilité [remise en mai 2016] a récemment conclu à la profitabilité du projet », écrit le gouvernement dans son communiqué. Rio Tinto a longtemps évoqué le délai de 2018 pour le démarrage de la production de fer, la question du calendrier que Chinalco sera en mesure de tenir reste ouverte.
Benjamin Polle - www.jeuneafrique.com