Il est arrivé deuxième du scrutin présidentiel guinéen, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) samedi 17 octobre 2015. Avec 1 243 362 voix, soit 31,44 % des suffrages exprimés, Celou Dalein Diallo est plus que jamais le principal opposant au président de Guinée Alpha Condé, dont il conteste la réélection.

A 63 ans, le Guinéen Cellou Dalein Diallo va désormais devoir composer avec une étiquette de plus : celle d'éternel second. Il est vrai que le natif du village de Dalein, dans le Fouta, est habitué à déjouer les préjugés. Ce grand commis de l'Etat a fait sa carrière à la Banque centrale, puis dans divers postes ministériels, avant de devenir Premier ministre en 2004. Souvent qualifié de technocrate, il est pourtant capable chaque samedi, depuis des années, de tenir meeting avec ses militants au siège de son parti, en véritable leader. Ses adversaires le disent hautain, forçant le trait d'une origine aristocratique. Il est au contraire accessible et disponible, s'efforçant de cultiver la modestie.

On le dit parfois hésitant, voire velléitaire ; il a pourtant réussi en trois ans le tour de force de devenir le leader de l'opposition. Son courage physique n'est plus à démontrer depuis le massacre du 28 septembre 2009, où il a failli laisser la vie. Et ceux qui le pensaient incapable de stratégies osées, voire cyniques, en sont pour leur frais depuis qu'il a tenté un rapprochement avec l'ex-patron de la junte Moussa Dadis Camara. Une alliance avec « le diable », hautement risquée, mais destinée à briser l'isolement communautaire dans lequel ses adversaires souhaitent le reléguer. En quelques années, Cellou Dalein Diallo est devenu un leader habile. Reste à savoir s'il a appris la patience.

Par Olivier Rogez

Mamadou Lamarana LY pour maguinee.com