La commission électorale a commencé à égrener mercredi soir les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle en Guinée. Des résultats circonscription par circonscription, notamment des bureaux de vote de l’étranger, qui ne permettent pas encore de déterminer une première tendance. Cette journée a également été marquée par les désaccords entre la majorité du président Alpha Condé et les sept candidats de l’opposition qui ont annoncé dès lundi qu’ils rejetaient ce scrutin.

C’est devant tout ce que Conakry compte de diplomates et de représentants d’institutions, dans la très chic salle d’un grand hôtel que les ministres, cinq au total, sont venus présenter le point de vue des autorités. Pour le ministre des Affaires étrangères, Loucény Fall, les candidats qui rejettent le scrutin doivent accepter de respecter les lois. « Nous demandons à tous nos partenaires d’user de toute leur influence pour appeler les uns et les autres au calme, à la paix, a-t-il appelé. Et si contentieux il y a, ils ont la liberté de saisir la Cour constitutionnelle. » Ministre de la Justice, mais également président du comité de dialogue, Maître Check Sako a lui appelé les huit candidats à dialoguer. « Si violences il y a, après les élections il va y avoir des actions, donc je suis moi ouvert à toute discussion avec les huit candidats pour préserver la paix dans notre pays », a-t-il assuré.

Une proposition de dialogue qui n’inspire pas l’un des candidats, Sidya Touré. « Faudrait prôner bien sûr le calme, mais de quel dialogue s’agit-il ? Nous avons été nombreux ici à expliquer à la Céni que ce processus ne pouvait pas être organisé dans ces conditions-là. Si vous n’avez pas réglé cette question, de quoi peut-on parler ? » Fait-il mine de s'interroger. Un dialogue pour le moment quasiment inexistant alors que les positions pourraient se radicaliser avec l’annonce prochaine des résultats provisoires du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

Dans sa grande majorité, la population de Conakry souhaite un dialogue entre les candidats à la présidentielle. Dans le quartier populaire de Coronthie, les baraques sont en bois et en tôle, les marchands à même le sol. La vie n’est pas simple dans le quartier, mais la fierté ici, c’est de vivre en paix. Oumar Touré, artiste, est né ici et aime chanter son quartier : « Corinthie, cela veut dire : nous ici, on est unis, tout va bien quoi. » Abdoulaye Cissé écoute les jeunes. Lui a vécu les crises politiques depuis les années 1960. « On ne peut pas gouverner un cimetière, assène-t-il. Est-ce que vous comprenez ? Donc la classe politique guinéenne n’a qu’à se donner la main pour que le pays avance. C’est ça mon dernier mot. »

Descendant d’une moto-taxi, Mlle Ketanbalo rentre de sa journée de travail. Elle aussi appelle les politiques au dialogue pour éviter tout conflit. « L’élection, c’est comme un examen : tout le monde ne peut pas l’avoir à la fois, lance-t-elle. Ils doivent s’entendre pour qu’il n’y ait pas de pagaille. » Réparateur bidouilleur de tout matériel électrique, Salif Camara aspire à un avenir meilleur comme le chante le groupe vedette du quartier « Les espoirs de Coronthie ». « Le président actuellement qui a été élu, je pense qu’il doit faire preuve de sagesse et appeler ses frères de l’opposition. La rue ne peut rien régler, rappelle-t-il. C’est autour d’une table qu’on peut trouver une solution à tout problème. Vraiment. »

Par RFI .REUTERS/Luc Gnago

Mamadou Lamarana LY pour maguinee.com