Voici un continent qui dispose de 60% des terres non cultivées et de 37% des terres arables. Aussi, d’après un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance, daté de 2014, l’Afrique va bientôt abriter un quart de la population mondiale. Le continent, qui compte actuellement un peu plus de 1,2 milliard d’habitants, verra sa population doubler en 2050.

Cependant, l’Afrique peut transformer une difficulté en opportunité. Elle est en mesure de profiter de l’expérience des plus grands producteurs mondiaux que ce soit en matière de céréales, d’élevage ou de production de tout ordre. En effet, en ce début de 21ème siècle, qui se veut agriculture biologique, avec des populations qui demandent un modèle autre que celui issu de la production intensive, probablement nuisible pour l’homme, l’Afrique, en partant de pratiquement rien, peut mettre en oeuvre un nouveau modèle d’agriculture, tenant compte de cette expérience. Plus encore, elle a la capacité foncière et humaine d’innover et de créer des pôles de transformation en mesure de fixer les populations rurales sur leur terroir.

C’est pour cela que la définition d’une agriculture moderne ne peut prendre son sens que si tous les Etats, à l’instar du Sénégal du président Macky Sall, en font une priorité stratégique, pour l’avenir de leur pays. Dans le cas contraire, famine ayant pour conséquences des tensions économiques et sociales, l’Afrique se doit de mobiliser toutes ses énergies, afin de réussir ce pari.

Il s’agit donc de profiter vite des expériences réussies ailleurs, sachant que la transformation des différentes spéculations permettra de bâtir une industrie agroalimentaire génératrice d’emplois et de revenus. Le secteur primaire pourrait ainsi devenir un réel rempart à l’immigration clandestine. Les terres arables, restées en jachère, pourront profiter aussi à de puissants exploitants, à condition de les louer. Aussi, le cahier des charges gagnerait à impliquer des clauses, telles qu’une part de 25% des récoltes et produits soit destinée à la consommation locale.

Abderrazzak Sitaïl, directeur de la publication