Main dans la main et pas à pas, un groupe dévoué de dirigeants asiatiques et africains ont suivi vendredi les pas de leurs illustres prédécesseurs lors d'une promenade hautement symbolique à Bandung, une ville indonésienne d'importance historique. Avec la "marche historique" allant de l'Hôtel Savoy Homann jusqu'au monument de l'Indépendance (Gedung Merdeka), les dirigeants ont envoyé un message clair, celui de leur détermination à maintenir l'esprit de Bandung et à renforcer la coopération Asie-Afrique.

Soixante ans après la Conférence de Bandung de 1955, les deux continents et le monde entier s'acheminent vers "une communauté étroitement liée par un destin commun", a affirmé mercredi à Jakarta dans un discours prononcé à l'occasion du Sommet Asie-Afrique le président chinois Xi Jinping, qui a pris part à l'événement commémoratif. Dans le nouveau contexte international, l'esprit de Bandung de solidarité, d'amitié et de coopération conserve sa pertinence et sa puissance, a souligné M. Xi, qui a suggéré que les deux continents dynamiques poursuivent leur partenariat de longue date afin de bâtir un ordre international plus équitable et plus raisonnable dans l'intérêt de leurs peuples et de ceux d'autres pays.

DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE A UN DESTIN COMMUN

"La délégation chinoise est venue ici pour chercher l'unité et non les disputes, [...] pour trouver des terrains d'entente et non créer des divergences", avait déclaré l'ancien Premier ministre chinois Zhou Enlai lors de la Conférence de Bandung, la première conférence Asie-Afrique de grande envergure.

Ces affirmations fermes du dirigeant chinois avaient balayé les différences idéologiques et historiques considérables entre la vingtaine de pays participants. Pourtant, cette simple déclaration a également incarné le pragmatisme de la mission chinoise, qui a travaillé avec souplesse avec ses homologues pour rassembler les différents pays autour de leur dénominateur commun : l'aspiration à l'indépendance nationale et à la coexistence pacifique.

En défendant l'esprit de Bandung, ces pays, dont la plupart venaient d'accéder à l'indépendance et ont plus tard été désignés sous l'appellation de tiers-monde, ont choisi une troisième voie différente de celles empruntées par les Soviétiques et les Américains et se sont rassemblés pour devenir une force politique incontournable sur la scène mondiale. Soixante ans plus tard, le paysage international a connu des changements profonds, mais les principes de Bandung restent la pierre angulaire des relations internationales et le lien entre l'Asie et l'Afrique n'a jamais faibli, a souligné Li Renliang, professeur à l'Institut national d'administration du développement de Thaïlande.

En effet, dans un monde moderne de plus en plus interdépendant, les intérêts des deux blocs ainsi que des autres continents sont devenus indissociables et leurs avenirs sont étroitement liés dans une communauté naissante unie par un destin commun à toute l'humanité.

 

Prenons la Chine pour exemple. Le géant asiatique est maintenant le plus grand partenaire commercial de l'Afrique et a contribué à un cinquième de la croissance économique du continent, selon le Fonds monétaire international (FMI). Pour l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), la Chine n'est pas seulement son plus grand partenaire commercial, mais aussi le plus grand importateur de ses produits, et les deux parties cherchent à renforcer leur accord de libre-échange cette année. Dans un discours prononcé mercredi, le président chinois a proposé que les pays asiatiques et africains continuent d'être de bons amis, partenaires et frères qui restent unis dans la joie comme dans l'adversité, contre vents et marées au cours de cette nouvelle ère.