Condamné le 22 mai 2014 par la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) d’Abidjan (juridiction compétente de l’Ohada pour arbitrer les litiges) à verser la bagatelle de 40 millions d’euros au groupe français Getma-Necotrans, pour «résiliation brutale et unilatérale», l’État guinéen vient de faire recours au tribunal d’Abidjan pour casser la décision déjà rendue, sur fond de manœuvres.

Grosse friture sur l’axe Conakry-Abidjan-Paris. Le sempiternel feuilleton judiciaire appelé communément l’affaire du Port de Conakry, ce véritable serpent de mer qui empoisonne les eaux guinéennes – depuis l’arrivée en mars 2011 sur le quai de l’armateur français Bolloré – prend une nouvelle tournure. Conakry n’avait pas digéré la pilule après avoir perdu la bataille judiciaire contre l’opérateur de logistique international Necotrans. La Cour d’Abidjan dans son premier verdict rendu avait condamné l’État guinéen à dédommager Necotrans à hauteur de 38,7 millions d’euros. Le chef de l’État guinéen, Alpha Condé, lequel a attribué en 2011 la concession du terminal à conteneurs au groupe Bolloré, était monté sur ses grands chevaux pour contester ce verdict de la juridiction intracommunautaire. Une task force s’est mise autour du président de la République drivée par le cabinet américain Veracity, réputé proche du groupe Bolloré, pour enquêter sur de supposées connexions douteuses et attributions de «bakchichs» par l’ex-opérateur concessionnaire Getma avec l’establishment d’alors. Peine perdue, car, selon nos informations, les frais de voyage et honoraires du cabinet Veracity dépêché à Conakry pour démolir la solidité de la requête du groupe Necotrans avoisineraient la bagatelle de 700 000 euros. Depuis le verdict de la Cour de justice d’Abidjan, les avocats français de Getma-Necotrans ont multiplié les allers-retours à Conakry pour le règlement de leur facture. L’État guinéen traîne les pieds et entreprend un nouveau modus operandi qui consiste à introduire une requête de nullité de la première décision de justice rendue par la CCJA.

Révélée en exclusivité par Les Afriques, l’armateur Bolloré, condamné par le tribunal de Nanterre (banlieue parisienne) à verser 2 millions d’euros dans le différend Port de Conakry, a libéré, depuis le 11 décembre 2013, le gros chèque via la Carpa, qui fait office de caisse de règlements pécuniaires des avocats.

 

Par Ismael Aidara, rédacteur en chef