La question mérite d'être posée, tant de la rue Miromesnil (adresse du bureau de Sarkozy) à L'Elysée, il y a loin et surtout beaucoup d'obstacles juridiques à franchir. On peut citer : l'affaire Liliane Bettencourt, l'affaire des sondages de l'Elysée, l'affaire des écoutes téléphoniques, l'affaire Bernard Tapie, l'affaire Karachi et bien sûr l'affaire du financement présumé de sa campagne de 2007 par l'ancien Guide libyen, Mouammar Kadhafi.

Que d'affaires donc !

Aujourd'hui, c'est ce fameux fonds de campagne venu de la Libye qui refait surface, non pas aux bords de la Seine, comme on avait coutume de le voir, mais sur les rives du Djoliba au Mali. En effet, il a été révélé que la justice française soupçonne un financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi en 2007 via le Mali. C'est pourquoi elle a officiellement déposé une demande d'entraide judiciaire internationale auprès du gouvernement malien.

La personnalité la plus citée dans ce présumé micmac politico-financier du côté de Bamako est Cheick Amadou Bany Kanté, ex-DG d'Air Mali, représentant de la Libyan Africa Investment Portfolio (LAP) et ancien secrétaire national adjoint du Parti pour le développement économique et social (PDES) de l'ex-président malien Amadou Toumani Touré, dont il était conseiller pour les investissements quand ce dernier fut renversé en mars 2012.

Même si l'homme d'affaires et politicien a nié en bloc ce dont il est accusé, et c'est de bonne guerre, avec un tel pédigree, il faut dire qu'il a vraiment le profil idéal de « porteur de valise », entendez par là d'occulte entremetteur qui grenouille dans les eaux glauques de la Françafrique.

Bref, nous n'en sommes pas encore là. Mais force est de reconnaître que l'étau se resserre autour de Nicolas Sarkozy. On se rappelle que l'un des fils du Guide libyen, Seif Al Islam en l'occurrence, avait traité l'ancien président français d'ignoble ingrat, qui, après avoir bénéficié des largesses de son père, s'en est pris à son régime. Kadhafi père lui-même n'avait-il pas embouché la même trompette que son fils, en laissant entendre que «Sarko» a gravi les perrons de l'Elysée grâce à des dinars libyens ?

Sans compter Ziad Takieddine, ce sulfureux homme d'affaires Franco-Libanais, lui aussi visé par l'enquête française, qui n'était pas passé par quatre chemins pour clouer au pilori l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine, en affirmant urbi et orbi que ce dernier a bel et bien trempé les babines dans la soupe avant de se retourner contre son bienfaiteur bédouin.

Ça fait en tout cas trop de témoignages à charge pour de petits arrangements entre amis qui n'auraient pas eu lieu. De Bamako à Paris, que de bruits de casseroles donc, qui sonnent comme un requiem pour les ambitions présidentielles de l'ancien locataire de l'Elysée.