Le monde du foot transalpin ne cesse de réagir suite aux déclarations d'un haut dirigeant sur le milieu de terrain de l'équipe de France et de la Juventus Turin. Dans un football italien gangrené par de nombreux cas de racisme, les propos tenus vendredi par l'un des favoris au poste de président de la Fédération de football suscitent indignation et réactions, mais pas au point de le faire renoncer.

 Soutenu avant ce dérapage par une très grande majorité des clubs de Serie A et Serie B, Carlo Tavecchio se retrouve aujourd'hui un peu plus isolé mais pas encore lâché. La Fiorentina, le club emblématique de la ville de Florence, a d'ores et déjà fait savoir qu'elle lui retirait son soutien. «Fidèle à nos valeurs éthiques et civiles et à la lumière des déclarations récentes de M. Tavecchio, nous considérons notre soutien à sa candidature comme désormais impossible», indique le club sur son site internet.

    «C'est inacceptable et scandaleux qu'on puisse encore entendre de telles choses en 2014»

 Du côté des footballeurs, dont l'association défend la candidature de l'ex milieu de terrain international Demetrio Albertini, 42 ans, les réactions sont également multiples. L'attaquant italien de la Samp', d'origine nigériane, Stefano Okaka Chuka, a ainsi fait part de sa «déception» au sortir d'un match: «c'est inacceptable et scandaleux que l'on puisse encore entendre de telles choses en 2014. J'ai la sensation que l'on recule».

L'AC Milan de Berlusconi soutient Tavecchio

Des voix s'élèvent pourtant pour défendre celui qui a déjà été condamné cinq fois dans le passé dans le cadre de plusieurs affaires de malversations, mais jamais pour racisme. Carlo Tavecchio peut ainsi se targuer de soutiens de poids puisque l'AC Milan, propriété de Silvio Berlusconi, la Lazio de Rome, à la réputation sur la question pas toujours flatteuse, ou encore le Genoa CFC, l'autre club de Gênes, ont tous confirmé leur appui.

«Il s'agit certes d'une phrase grave mais en politique on a assisté à des glissades bien pires sans que cela pousse à des démissions», a expliqué à la presse italienne le président du Genoa, Enrico Preziosi. Les politiques ne sont pas non plus en reste, le président du Conseil italien Matteo Renzi regrettant «un inqualifiable but contre son camp». Il n'a pourtant pas appelé à des sanctions à l'encontre de Tavecchio, jugeant que le gouvernement n'avait pas à s'immiscer dans cette affaire.

Député au sein de son parti (PD, centre gauche), Khalid Chaouki, né à Casablanca a lancé lundi une pétition en ligne intitulée «Tavecchio ne peut représenter le football italien»: une initiative qui a déjà rencontré l'approbation de près de 15.000 signataires.

La Fifa, qui mène depuis plusieurs années un combat contre le racisme, a elle demandé lundi l'ouverture d'une enquête sur les propos racistes de M. Tavecchio. Sans tête depuis le 24 juin et la démission de Giancarlo Abete au sortir de l'élimination de la Squadra Azzurra dès le premier tour du Mondial brésilien, la Fédération italienne de football connaîtra le 11 août le nom de son futur président. Entre lancés de bananes et chants offensants, le football italien s'est tristement illustré ces dernières années dans des affaires de racisme, non seulement de type ethnique mais aussi régionale, soulignant le clivage nord-sud qui règne aussi dans le pays.

(Avec AFP)