L'aéroport de Ouagadougou, d'où est parti le vol, le 24 juillet 2014.L'aéroport de Ouagadougou, d'où est parti le vol, le 24 juillet 2014. Une réunion de crise doit se tenir à l'Elysée ce vendredi matin. 51 Français se trouvaient à bord de l'avion, qui devait relier Ouagadougou, au Burkina Faso, à Alger, en Algérie.

L’épave «désintégrée» d’un avion d’Air Algérie, disparu avec 116 personnes à bord dont une cinquantaine de Français, a été retrouvée dans le nord du Mali et un détachement militaire français a été envoyé sur place pour sécuriser la zone, a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi la présidence française.

    L’attente des proches dans les aéroports parisiens

 Le chef de l’Etat français François Hollande doit présider vendredi à 9 heures une nouvelle réunion de crise à laquelle doivent participer le Premier ministre Manuel Valls, et les ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense), Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Frédéric Cuvillier (Transports).

L’épave disparue a été localisée dans la région de Gossi «à proximité de la frontière du Burkina Faso», selon le communiqué de la présidence française, confirmant une information des autorités du Burkina.

«L’appareil a été clairement identifié malgré son état désintégré», précise la présidence française, ajoutant qu’un «détachement militaire français a été envoyé sur place pour sécuriser le site et recueillir de premiers éléments d’information».

Le ministère français de la Défense précise quant à lui que c'est un drone d’observation de l’armée de l’air francaise, un Reaper, qui a localisé la zone de l’épave. Celle-ci a été travaillée de nuit sur la base d’une information donnée par les autorités du Burkina Faso.Un détachement héliporté venu de Gao s’y est rendu à 2 heures du matin (heure de Paris) et a formellement identifié l’appareil.Un détachement terrestre de Barkhane est désormais attendu pour sécuriser la zone, recueillir des éléments utiles à l’enquete ainsi que les corps des passagers. Le détachement de GAO est parti cette nuit par voie routière. Il compte une centaine de soldats et une trentaine de véhicules.

François Hollande «assure les familles et les proches des victimes de toute sa solidarité», conclut le communiqué de l’Elysée. Le président français a décidé de «rester à Paris tout le temps nécessaire», reportant sine die son déplacement programmé de vendredi à dimanche à La Réunion, à Mayotte et aux Comores.

«Tout laisse penser que cet avion s’est écrasé», avait annoncé François Hollande jeudi. Selon lui, l’équipage espagnol a signalé qu’il changeait de route «en raison de conditions météo particulièrement difficiles». «Aujourd’hui même, nous ne pouvons pas établir les causes de ce qui s’est produit», avait cependant souligné Hollande, assurant que la France avait mobilisé tous ses «moyens militaires» au Mali pour retrouver l’avion.

Une enquête ouverte en France

Accident ou attentat, «on ne peut pas, on ne doit exclure aucune hypothèse avant d’avoir tous les éléments», a dit le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.  Au Mali, malgré une intervention militaire internationale encore en cours, la situation est toujours instable dans le Nord, occupé pendant plusieurs mois en 2012 par des groupes armés jihadistes.

Deux Mirage 2000 de l’armée française, basés au Tchad, ont participé à la recherche de l’appareil, un MacDonnell Douglas MD-83 immatriculé EC-LTV et affrété auprès de la société espagnole de leasing Swiftair, avait indiqué l’état-major des armées à Paris.

L’Algérie, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont participé aux recherches dans une vaste zone autour de Gao. En France, où une enquête judiciaire a été ouverte pour «homicides involontaires», l’appareil avait été déclaré en «bon état» lors d’un contrôle cette semaine, a assuré l’aviation civile.

«Une mauvaise visibilité»

Selon la compagnie Air Algérie, l’avion avait décollé de Ouagadougou, avec plus de 110 passagers et six membres d’équipage, à destination d’Alger dans la nuit de mercredi à jeudi. Il a disparu des écrans radar cinquante minutes après son décollage.

Au départ, il transportait notamment 50 Français (51 selon le ministre Laurent Fabius) dont une famille de sept personnes, les parents, quatre enfants et un neveu. Il y avait également 24 Burkinabè, huit Libanais, six Algériens, six Espagnols (les membres de l’équipage), cinq Canadiens (dont quatre membres d’une même famille) quatre Allemands et deux Luxembourgeois. A son bord se trouvaient aussi un Belge, un Camerounais, un Egyptien, un Malien, un Nigérien, un Roumain, un Suisse, un Ukrainien et «trois nationalités en cours de recherche».

Plusieurs médias internationaux avaient rapporté la présence dans l’avion de Mariela Castro, fille du président cubain Raul Castro, qui a dénoncé à l’AFP à la Havane un «show médiatique» autour d’une information non vérifiée.

Selon une source au sein d’Air Algérie, l’appareil «n’était pas loin de la frontière algérienne quand on a demandé à l’équipage de se dérouter à cause d’une mauvaise visibilité et pour éviter un risque de collision avec un autre avion assurant la liaison Alger-Bamako». «Le signal a été perdu après le changement de cap», a-t-elle dit sous couvert d’anonymat.

Des cellules de crise ont été mises en place en Algérie, au Burkina Faso, au Mali et en France. Dans plusieurs aéroports français où les passagers étaient attendus après leur escale à Alger, des proches cherchaient, hébétés, des bribes d’informations après avoir appris la disparition de l’avion par les médias.

Libération