Lors d'une rencontre au Caire avec une délégation française, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n'a pas manqué de faire savoir ce qu'il pensait de la gestion par la France du dossier libyen post-Kadhafi. "Vous n'avez pas fini le travail en Libye", a déploré à plusieurs reprises le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, lors d'une audience accordée le 17 juillet à une délégation de six députés français et à l'ambassadeur français au Caire, Nicolas Galey.

Tout en critiquant sévèrement l'ancien dictateur, Mouammar Kadhafi, il a détaillé les conséquences néfastes de la déstabilisation de la Libye sur son propre pays, pointant les nombreux trafics (armes, drogue) et la circulation des islamistes.

En une semaine, plus de 47 personnes ont été tuées dans les affrontements entre milices rivales autour de l'aéroport de Tripoli, la capitale libyenne. Le pays se retrouve au bord d'une nouvelle guerre civile alors que la population attend toujours la publication des résultats des législatives du 25 juin.

Depuis le 13 juillet, les bruits des avions ont laissé place aux crépitements des armes automatiques à l'aéroport de Tripoli. "Des combats qui y opposent les milices locales libyennes ont fait jusqu'à samedi soir [19 juillet] au moins 47 morts et 120 blessés", a indiqué dans la nuit de 20 au 21 juillet un porte-parole du ministère de la Santé.

L'Union européenne (UE) a fait part dimanche de sa préoccupation après de nouveaux affrontements dans lesquels cinq civils ont péri. "Les victimes sont des habitants du quartier de Qasr Ben Ghachir, à proximité de l’aéroport, tués dans la chute des roquettes sur leurs maisons, a précisé Mohamed Abderrahman, un responsable local. "L'aéroport a été attaqué ce matin aux obus de mortier, aux roquettes et aux canons de char, a confirmé, Al-Jilani Al-Dahech, un responsable de la sécurité de l'aéroport, soulignant que "c'est l'attaque la plus violente attaque" depuis le début de l'offensive.

Deux avions brûlés

Deux avions ont été ravagés par les flammes après avoir été touchés par des roquettes. Les deux compagnies nationales ont ainsi déploré la perte d'un Airbus A330 et d'un Bombardier CRJ900.

Les combats se sont étendus à d'autres sites occupés par les Zentanis sur la route de l'aéroport où des explosions étaient entendues depuis le centre-ville. En début de soirée, les combats ont cessé autour de l'aéroport, les ex-rebelles Zentanis ayant repoussé les attaques contre leurs positions, selon des sources locales.

Des affrontements continuaient toutefois à opposer les deux camps, notamment, dans la banlieue ouest de la ville, selon des témoins. Des combats qui s'inscrivent dans le cadre d'une lutte d'influence politique entre libéraux et islamistes, mais aussi régionale entre les villes rivales de Zenten et de Misrata.

"Conflit prolongé"

Les combats de cette semaine ont suscité l'inquiétude de la communauté internationale et poussé l'ONU à évacuer sa mission en Libye. Dimanche encore, la délégation de l'UE en Libye a souligné sa préoccupation face à un "conflit prolongé", exhortant toutes les parties à la "retenue" et au dialogue.

 

"L'UE rappelle que les attaques contre les aéroports civils constituent une violation du droit international", a-t-elle encore souligné dans un communiqué.

Ces combats ont ravivé les craintes d'un conflit plus large alors que le pays attend toujours la proclamation des résultats des législatives du 25 juin. Annoncés pour ce dimanche, ils doivent être finalement communiqués lundi, selon la Haute commission électorale.

(Avec AF