En Afrique de l’ouest, l’Organisation non gouvernementale MSF (Médecins Sans Frontières), qui dit avoir atteint ses limites dans la guerre contre l’épidémie de la fièvre Ebola, tire la sonnette d’alarme. Les autorités guinéennes démentent et nuancent les risques.

Arrivée à une prise en charge de 470 patients, dont 215 cas confirmés, MSF se dit dépassé et lance un vibrant appel aux autorités gouvernementales ainsi que politiques et religieuses, mais aussi à l’organisation mondiale de la Santé (OMS) pour circonscrire la fièvre Ebola. Une maladie mortelle dans 90% des cas, que l’ONG trouve hors de contrôle actuellement. Les propos de Bart Jensens, directeur des opérations de MSF en Guinée, rapportés pas des confrères, sont sans équivoque. Il trouve que les risques de propagation vers d’autres zones sont bien réels.

Il est vrai que Rémy Lamah, ministre guinéen de la Santé, s’est empressé de rejeter de telles déclarations. De son avis, excepté une poche autour de quelques villages, frontaliers au Libéria et à la Sierra Leone, où des populations résistent aux efforts de lutte contre ce fléau, en raison de croyances traditionnelles, la situation est sous contrôle. Cette autorité assure que même qu’au niveau de ces localités des progrès sont réalisés, …

Le combat de la sensibilisation

De toutes les façons, cette vague de la fièvre Ebola est la plus meurtrière. Depuis février 2014, l’OMS a recensé 350 morts. Nous avons d’ailleurs joint l’organisation internationale, afin de savoir quelles sont les mesures prises de concert avec les autorités locales pour juguler l’épidémie et les actions de préventions et de sensibilisation, ... Ce qui reste encore plus inquiétant a trait au fait que cette maladie, qui se transmet au départ à l’homme à partir d’animaux sauvages, a fait sa première apparition dans cette région de l’Afrique. Les populations locales la méconnaissent entièrement et continuent de faire la mise en bière de leurs morts et à assister aux obsèques. Pour qu’elles prennent la pleine mesure de la gravité de la situation, il est impératif que des actions de sensibilisation soient entamées par les gouvernements des pays touchés et limitrophes, par les autorités religieuses et la société civile. Gageons que le cri de désespoir de MSF soit assez entendu, pour que des mesures énergiques soient prises sans délai.

Qu’est ce qu’Ebola ? Le genre Ebolavirus est l’un des trois appartenant à la famille des filoviridés (filovirus), aux côtés des genres Marburgvirus et Cuevavirus. Il compte 5 espèces distinctes, à savoir Ebolavirus Bundibugyo (BDBV), Ebolavirus Zaïre (EBOV), Ebolavirus Reston (RESTV), Ebolavirus Soudan (SUDV), Ebolavirus Forêt de Taï (Taï Forest TAFV). A noter que contrairement à RESTV et TAFV, BDBV, EBOV et SUDV ont été associés à d’importantes flambées de maladie à virus Ebola en Afrique. L’espèce RESTV, que l’on trouve aux Philippines et en République populaire de Chine, peut infecter l’homme, mais on n’a jamais signalé jusqu’à présent de cas de maladies ou de décès qui lui soient dus.

 

Les étapes de la transmission

En matière de transmission, l’OMS avertit que le virus Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris frugivores, de singes, d’antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale. 

Il se propage ensuite dans les communautés par transmission interhumaine, à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire d’environnements contaminés par ce type de liquides. Les rites funéraires, au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille, peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola. Le sperme peut continuer de transmettre le virus jusqu’à sept semaines après la guérison clinique.

Des agents de santé se sont souvent infectés en traitant des cas suspects ou confirmés de maladie à virus Ebola. Cela s’est produit lors de contacts étroits avec les patients, lorsque les précautions anti-infectieuses n’ont pas été strictement appliquées.

Daouda MBaye